Une rencontre pour tout changer [Keithi boo]

J'étais dehors et je me laissais doucement aller à contempler la vie. Le soleil était à son zénith dans le ciel et la lumière pleuvait sur un saule pleureur. Soudain, sous les branches du saule, apparut un petit garçon kawaii-desu. Il aurait aussi bien pu s'être matérialisé puisque je ne le vis point arriver. Pourtant, il était là. Comme s'il l'avait toujours été. Droit, sous l'arbre, la lumière venait caresser sa peau satinée perlée de boutons. Dès que je le vis, je me mis à trembler, d'abord doucement. Puis, violemment. Je fus pris de convulsions devant une vision si angélique. Ne m'eût-il jamais semblé que viendrait enfin le jour où je rencontrerais la dulcinée que toute ma vie durant j'avais poursuivi? Moi, misanthrope aigri, aurais-je trouvé l'amour en ce doux jour?

Je vis en lui un tel amalgame de solitude et de beauté que l'ignorer ne me sembla même pas être une option. Je m'avançais jusqu'à lui. Quelques enjambées sautillantes et nos respirations se mélangeaient.

L'enfant fit jouer ses sourcils. Il les arqua, les fronça, les plissa en entrouvrant ses douces lèvres comme s'il tentait desperement d'avaler le plus d'air possible. Il finit par bouger la tête de tous les sens, comme s'il était pris d'une crise d'épilepsie. Dans une fluidité exquise, ses cheveux fins se mirent à danser avec le vent alors que sa tête continuait de faire ces mouvements saccadés. Je tombais sous le charme et je sentis mon coeur qui palpitait, qui flottait pris dans le continuel va-et-vien des vagues déferlantes de mes émotions... Si ce n'avait été que ça. Non, il y avait plus. À présent, il me demandait si c'était le destin. Bruits et son. Une explosion. De mon coeur. Et de mes ovaires.

- Il y a 7 jours dans une semaine, cinq dois dans ma main mais dans mon coeur... il n'y a que toi, parvins-je finalement à articuler d'une voix tremblante: j'avais décidé d'y aller comme le romantique que j'étais.

L'ange se mit à effectuer une danse tribale. Ses doigts se promenaient furtivement dans son visage tandis qu'il sautillait. Il continua à danser son ballet avec le vent, tandis qu'il continuait à frotter furieusement son visage de ses mains de pianiste. Je ne pus dire exactement ce qu'il faisait mais il me sembla que l'art avait atteint son point culminant, son apogée. Ma douce dulcinée était un artiste iconoclaste (n'allions-nous pas bien ensemble? après tout, moi-même, j'étais assez anti-conformiste... j'étais un pompomboy de 45 ans, après tout!). Avant-gardiste, il faisait fis des attentes de la société lorsqu'il sautillait ainsi. Cette vision me fut si belle que j'eus envie de pleurer.

Lorsque je levai mes yeux qui se remplissaient lentement de douce larmes, nos nez se touchaient presque. Je me mis à tomber comme une feuille morte qui virevolte dans le vent aux couleurs chatoyantes de l'automne. Je ne pus empêcher quelques pensées d'occuper mon esprit: je me vis alors main dans la main sous le soleil avec cette personnification de la beauté, puis, au coeur d'un marathon de films d'animation avec l'ange où je le nourrirais de patates douces... Oh, les patates douces tombaient sur ses trois mentons... venaient glisser sur le tapis orange brulé de mon salon... Oh...

- Chaque baiser est une fleur dont la racine est le coeur, me dit-il.

Je m'assis donc en indien sur le sol et pris sa main entre les miennes. Avec toute la douceur du monde, je posai un baiser sur ses mains, lichai chacune de ses jointures.

- Tu seras toujours la racine de mon coeur, dis-je dans un souffle.